mardi 29 juillet 2014

La sagesse populaire - 3

Bien. Je reprend. J'ai mis du temps mais il fait savoir que :
- la procrastination est ma compagne perpétuelle
- le temps fait son œuvre, et il m'est de moins en moins facile de revenir sur cette histoire.

Mais aujourd'hui, je viens de me réinscrire a Pole Emploi, ça faisait bien longtemps que je n'y avais pas mis les pieds (ça ne m'avait pas manqué), et je crois que c'était l'ultime épisode de cette (sombre) histoire. Une fin bien débile quand même....

En relisant mon dernier texte, je me dis ce que n'importe qui doit se dire : " mouais, c'est cousu de cil blanc son truc. La meuf est mal, en manque de confiance, couple fragile, histoire compliquée. Le patron arrive, ténébreux mais pas insensible, il lui ait confiance, il la valorise, évidemment qu'elle va finir dans son pieu." Ou pas d'ailleurs, peut être que si j'avais eu une moralité à toute épreuve, la fin aurait été différente. "Mais enfin Monsieur le Directeur, vous n'y pensez pas ! Je suis une honnête femme, je ne trompe pas mon compagnon, pour qui me prenez vous ?"

La vérité c'est que je n'ai pas réagi comme ça. Pendant des mois j'ai senti cette attirance qu'il avait pour moi, et de mon côté je sentais bien aussi qu'il suscitait autre chose que le simple respect de la hiérarchie.  J'ai laissé monter l'ambiguïté sans aucune idée de ce que cela pourrait produire.

L'histoire démarre réellement quand un soir de juillet 2013 j'accepte son invitation à diner. Après cette première fois où il ne se produit rien d'inavouable, je pars en vacances avec les miens. Vacances épuisante de conflits et de tensions, dont nous revenons, S. et moi, totalement vidés.

Il se produit en aout une période d'accalmie, de trêve dans les combats, où, de manière totalement inattendue, nous nous retrouvons. Je reprend le travail, le directeur  n'est pas là, je m'ennuie comme un rat mort. Mais lui commence a m'envoyer des sms, à un rythme de plus en plus soutenu, auxquels je ne réponds pas la plupart du temps, tout simplement parce que je ne sais pas vraiment quoi répondre. En parallèle je retrouve S. et nous reprenons une communication et une proximité depuis longtemps oubliées.

Puis c'est la rentrée de septembre, et le cercle infernal se met en marche. Durant les mois qui suivent :
-j'entame une liaison "consommée " (putain j'ai une manière d'écrire trop précieuse moi des fois !) avec mon directeur
- S. le découvre rapidement, parce que je mens mal et que je laisse tout trainer derrière moi
- mon directeur s'enflamme et me dit assez vite qu'il est amoureux de moi. Assez vite aussi qu'il veut vivre avec moi.
- la rumeur enfle dans l'entreprise, et je perds le peu de collègues avec qui je m'entendais bien.
- S. réagit très mal et perds 15 kilos en trois mois
-je suis complètement perdue, je maintiens ma relation tout en m'arqueboutant sur mes mensonges à S. pour le persuader que j'ai tout arrêté
- je me renferme totalement sur moi même, je n'ai plus envie de voir mes amies, j'emmerde mes collègues
-je prends huit kilos, je suis épuisée en permanence, j'ai des points noirs qui dansent devant mes yeux tout au long de la journée
- je prends trois fois la décision de quitter S. Trois fois je fais volte face et je décide de rester
-j'entraîne tout le monde dans ma dérive, je ne sais pas où je vais mais tout le monde me suit, un coup à droite toute, et puis à gauche, et, attendez, non, à droite, ah merde, non, à gauche finalement, qui m'aime me suive, et tout le monde me suit....
-S. fait un profond travail de remise en cause, son abnégation me touche, j'ai une admiration terrible pour le courage et la ténacité dont il fait preuve, et je prends conscience de la force de son amour, alors même que l'année précédente je pensais sincèrement qu'il ne subsistait plus rien entre nous
- mon directeur me touche également, le type bourru a retrouvé gout a la vie, il achète une maison et y entame des travaux pour que nous puissions nous y installer
- je suis perdue, je suis perdue, je suis perdue, je n'en peux plus
- un matin d'avril, je suis dans son bureau, en larmes, et je lui dit que je veux partir. Lui entend "quitter mon poste", au fond de moi je sais que je veux mettre fin a cette situation folle dont je ne me sors plus. Une rupture conventionnée est signée, mais la situation ne se clarifie pas pour autant
- je repars dans une ultime dérive, j'annonce encore une fois a S. que je le quitte, j'explique la situation a mes deux aînés  qui me traitent de folle, ma fille a des maux de ventre, mon fils ainé ne me parle plus, mon directeur annonce a ses enfants qu'il va leur présenter sa future compagne
- dernier jour, pot avec mes collègues, tout le monde connaît maintenant ma relation quasi officielle avec le directeur, il est désormais de bon ton de se rapprocher de moi

Et : fin.... Pas une fin propre et nette, impossible et trop couteuse. Revirement final, je reste avec les miens, je ne quitte pas S. , tout le monde respire. Tout le monde, sauf le directeur, qui, la semaine qui suit mon départ et notre rupture, pleure dans son bureau. J'aurais encore quelques contacts avec lui, vains et inutiles : j'ai fait mon choix.

Étrange bilan que cette histoire : de la confiance professionnelle acquise, mais un travail perdu dans des circonstances glauque. Un couple mal en point étrangement resoudé au gré de mes velléités de séparation. Un travail de fond nécessaire depuis des années, jamais réalisé, qui aura finalement pris forme dans la douleur.

Voilà. Je tourne la page. Reprise de la recherche d'emploi en septembre. En attendant, je pars en vacances avec les miens.

A bientôt public en folie !

2 commentaires:

  1. La question qui tue : es-tu heureuse aujourd'hui ? C'est le mot heureuse qui tue ... en fait c'est comment te sens-tu ?

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    1. Effectivement, c'est la question qui tue ! Je crois que je réponds assez bien a ta question avec mon article d'aujourd'hui !....

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